La gestion du projet, c’est du management de projet. L’inverse est vrai !
Dans l’article sur la gestion de projet, vous découvrirez dès le 2ème paragraphe que la gestion de projet, c’est du management… pour Wikipedia. Il est vrai que le terme anglo-saxon « management » est communément traduit en français par « gestion ».
Pourtant, j’ose croire que la langue française est un peu plus subtile. Que les 2 termes recouvrent pour nous une singularité que rien n’oppose. Point de salut à attendre des grands référentiels qui sont tous anglo-saxons… Louons l’effort de l’ICB d’IPMA qui distingue les compétences en techniques de gestion de projet des compétences comportementales ! Nous nous rapprochons d’une réalité. Nous ne gérons plus du personnel à notre époque ; nous manageons des parties prenantes.
Savoir-être et savoir-faire
Le management est du savoir-être
C’est probablement l’art le plus difficile que d’interagir, d’une part, avec chaque partie prenante, et d’autre part, avec le collectif. Certains parlent de management, d’autres de leadership, de coopération, d’intelligence collective, d’adhésion,… Appelez le comme bon vous semble !
Je me contente d’évoquer le rapport à l’autre en donnant toute sa place au singulier tant tout se joue déjà dans le rapport d’un être humain à un autre être humain, quelle que ce soit sa fonction ou sa posture. C’est d’autant plus vrai dans les équipes projet où le Chef de projet n’a que rarement l’autorité hiérarchique, évolue dans la transversalité, dispose parfois dans son équipe de parties prenantes qui sont hiérarchiquement au-dessus de lui. Le rapport cache également le rapport à soi et le rapport aux autres.
J’ajoute à cette simplissime définition le fait que les Chefs de projet passent leur vie à communiquer et que cette activité n’est jamais portion congrue. Au-delà des innombrables mails, réunions, voire comités, ils élaborent leurs reportings et/ou tableaux de bord, vont à la rencontre des différentes parties prenantes, que ce soient leur client, les utilisateurs, les équipes,… Et plus le projet devient stratégique, transversal, important, plus ils passent leur temps dans la communication. Au point de déléguer toute la partie dédiée à la gestion de projet dans le cadre de certains programmes.
La gestion est du savoir-faire
Certains évoqueraient l’ingénierie projet. Un ensemble de méthodes, techniques et outils permettant d’administrer, d’organiser, de diriger et de contrôler les ressources du projet. Tout ceci afin d’atteindre les objectifs fixés par le Client.
Je vois la gestion comme la capacité qu’a un Chef de projet de se déployer en permanence sur 3 dimensions.
Tout d’abord, celle de la préparation qui est bien contre-intuitive en France. Notre pays prône le système D (la débrouillardise). Tout était à faire pour hier. S’arrêter revient à perdre son temps – et perdre son temps, c’est perdre de l’argent ! Pourtant, le mot clé de voute du projet est bien l’anticipation et cette préparation se retrouve bien dans le terme « projet ». Une projection que j’apparente à « tirer des plans sur la comète », le projet s’inscrivant dans univers empreint d’aléas et de risques.
Bref, un projet se prépare. Il faut apprendre à perdre du temps pour en gagner par la suite. Le Chef de projet prépare ainsi des plans d’actions détaillés. Certains dédiés au produit (l’objet du projet) et d’autres au projet comme le planning, le budget, le plan de risques et les plans de communication.
La 2ème et la 3ème dimensions découlent de la 1ère. Une fois les plans validés par le Client, le Chef de projet a pour mission de les exécuter et de mesurer les écarts entre ce qui était prévu et la réalité. Cette mesure n’a au final aucune autre utilité que d’apporter une information utile pour la prise de décision.
A bien des égards, mesurer pour choisir revient à piloter.
De façon implacable, il existe un alignement entre les 3 dimensions. Pour faire simple, pas de mesure sans objectif mesurable. Certains pourront inspecter les capacités réelles de leur ingénierie… Mon regard se tourne vers des plannings sous Excel où la référence fait défaut tout comme la capacité d’indiquer réellement au Client une date de livraison réaliste. Pour plus d’explications, je vous invite à relire mon article sur Microsoft Project…
Savoir-être et savoir-faire sont indissociables
Hard skills ou soft skills ? Les débats dans le monde du projet sont quelque peu vains. La gestion et management de projet sont en réalité indissociables. Sauf à considérer qu’un Chef de projet vit dans une tour d’ivoire bardée d’ordinateurs et qu’il n’a aucune interaction avec les parties prenantes du projet.
Pour ma part, je considère qu’une équipe qui, par exemple, se réunit pour identifier les tâches du projet, interagit. Le simple fait de se réunir réconcilie la gestion et le management. Vous pouvez prendre tous les éléments d’ingénierie et faire ce lien.
Ne nous trompons pas ! La gestion et le management sont le cœur de métier du Chef de projet. Ce pour quoi il devrait être nommé. A vouloir d’ailleurs lui demander de réaliser des tâches opérationnelles dédiées au produit, les organisations sacrifient sciemment ses chances d’assurer une maîtrise même partielle du projet.
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